Camille de Cussac : “Ce qui me nourrit vraiment, ce sont les gens de la vraie vie”
L’illustratrice Camille de Cussac ravit ses lecteurs avec des personnages colorés, de tous horizons et toujours un peu loufoques. Retour sur ses outils de prédilection ainsi que sur certains de ses projets aux accents belges et québécois.
Comment as-tu développé ton style d’illustration ?
J’ai trouvé mon style en école d’art, même si ça m’a pris un peu de temps. Je pense que j’avais la même personnalité qu’aujourd’hui mais je dessinais beaucoup plus au crayon et je n’arrivais pas à intégrer de la couleur dans mes dessins, ce qui me frustrait un peu. Un jour j’ai dû remplir un carnet pour des devoirs de vacances et j’ai utilisé tout ce que je pouvais trouver sur ma table dont plein de feutres colorés. Changer de crayon ça m’a décoincé, je dessinais de manière bien plus instinctive.
Lorsqu’on parcourt tes différents projets, on découvre des dessins toujours colorés mais aussi un vif intérêt pour les différentes cultures du monde. Qu’est-ce qui t’a amené à vouloir parler de ces diversités ? D’où vient cette envie ?
Je suis vraiment très inspirée par les gens autour de moi, que ce soit à Paris ou en voyage. Je pense que ce qui me nourrit vraiment ce sont les gens de la vraie vie, des personnages un peu loufoques dont j’exagère forcément certains traits. Je n’ai pas vraiment un univers fantastique, je pars toujours du réel et surtout des choses qui me font rire dans la vie de tous les jours.
Tu as réinterprété de manière humoristique et décalée deux contes de Charles Perrault, Le petit Chaperon Belge et Barbe Blue Le Maudit Québécois, sortis aux éditions Marcel et Joachim. Qu’est-ce qui t’a plu dans le fait de déconstruire ces classiques ?
J’ai commencé par réécrire les textes, c’était plus simple pour moi et surtout moins intimidant d’avoir une base déformée. Je m’intéresse beaucoup aux cultures d’autres pays et j’adore les accents, donc imaginer les parents être ridicules en essayant de les imiter m’amusait beaucoup. En déconstruisant ces contes que tout le monde connaît, j’avais envie que les parents s’amusent presque autant que leurs enfants.
L’année dernière ta bande dessinée K.O. à Cuba est parue aux éditions Thierry Magnier. Comment s’est déroulée cette première expérience dans la bande dessinée ?
Ce sont les éditrices de chez Thierry Magnier qui m’ont contactée et m’ont proposé de faire cette BD, je les connaissais déjà par des projets de couvertures et de livres. J’étais vraiment libre de faire ce que je voulais, mes seules contraintes étaient le format et le thème : il fallait que ce soit une aventure. C’était vraiment génial mais hyper intimidant parce que j’ai dû commencer par écrire le texte en entier alors que d’habitude je commence par les dessins, c’est plus facile pour moi. Au début, j’étais vraiment très stressée de ne pas y arriver mais au final j’ai beaucoup aimé tout raconter et choisir les cadrages, les personnages et les lieux ; on a l’impression de faire un film !
Tu travailles majoritairement avec des feutres et particulièrement des Posca, qu’est-ce qui te plaît dans ces matières ? Comment est née cette habitude ?
Ce qui est cool dans les Posca c’est que ce sont des feutres peinture, ça a donc les avantages des deux outils : les couleurs très denses de la peinture et le format pratique du feutre. Je peux les mettre dans ma trousse, les emporter en voyage et dessiner n’importe où, alors qu’avec des pinceaux c’est quand même plus difficile, ça prend plus de place et il faut de l’eau. Ce que j’aime aussi c’est qu’il y a beaucoup de couleurs sans pour autant que ce soit une panoplie de gammes infinies comme tu peux avoir sur l’ordinateur ; ça me permet de moins me poser de questions.
Un personnage un peu loufoque que tu pourrais créer et qui te vient à l’esprit là, maintenant ?
J’imagine une vielle voisine bleue, un peu chelou ! D’habitude je dessine plus de garçons mais là je me dis que ça pourrait être rigolo de changer et de faire une dame un peu mystérieuse et chiante.
Quels sont tes projets à venir ?
J’ai une expo qui devait se faire au Japon en 2020 et qui normalement se fera en mai 2021, je ne sais pas encore si je pourrai y aller mais tous les dessins sont prêts à partir.
J’ai aussi d’autres projets de livres. En ce moment, j’en fais un en littérature jeunesse sur la chaîne des métiers du livre et je trouve ça chouette parce qu’on ne se rend pas forcément compte qu’il y a autant de personnes qui travaillent sur un même projet.
Retrouvez les créations de Camille de Cussac sur son site Internet et sur son compte Instagram dès maintenant !
Propos recueillis par Hélène de Montalembert
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